Conclusion du livre « Dieu existe » de Frédéric guillaud


Comme je vous l’avais promis dans mon dernier billet d’il y a quelques jours, je vais maintenant vous proposer de prendre connaissance, après son introduction, de la conclusion de cet ouvrage de philosophie qui sort absolument de l’ordinaire, tant par le sujet qu’il ose aborder au terme bientôt du premier quart de ce XXIème siècle, que par la rigueur et la clarté de la langue de son auteur Frédéric Guillaud.

Cela ne s’est pas fait tout seul, car je ne suis pas sans connaître les droits de la propriété intellectuelle, et je ne pouvais pas faire un emprunt si volumineux à l’œuvre sans obtenir au préalable l’autorisation de l’auteur.

C’est pourquoi, avant que vous vous lanciez dans la découverte de ce grand texte, c’est avec le plus grand plaisir et avec encore davantage de reconnaissance que j’adresse ici tous mes remerciements à Frédéric Guillaud, pour la rapidité et la chaleur de sa réponse favorable, réponse que je vous livre ici, car elle s’adresse aussi à vous ;

C’est donc immédiatement, fort de ce blanc-seing, que je vous livre  » ces quelques pages  »

CONCLUSION

Dans ce livre, nous n’avons pas parlé de religion. Dieu s’intéresse-t-il aux hommes ? Doit-on attendre quelque chose de lui ? Doit-on lui vouer un culte ? Doit-on lui faire confiance ? Doit-on le prier ? Doit-on obéir à des commandements qu’il nous aurait donnés ? Et si oui comment les connaître ? Nous n’avons répondu à aucune de ces questions. Tout cela relève de la religion, que Thomas d’Aquin définissait comme la vertu qui règle nos relations avec Dieu. Mais notre objectif était seulement de savoir s’il existe un Dieu, pas de déterminer le genre de relations que nous devrions entretenir avec lui s’il s’avérait qu’il existe.

L’ENQUÊTE PHILOSOPHIQUE EST UN PRÉALABLE À LA QUÊTE RELIGIEUSE

Si l’on voulait répondre à cette deuxième question de manière purement a priori, sans se fier à aucune religion existante, nous serions amenés à développer ce que l’on appelait au XVIIIe siècle une « religion naturelle ». Elle suppose un Dieu silencieux, qui laisse la création parler à sa place, et dont il n’est pas exclu qu’il se désintéresse assez largement du monde. Le plus souvent, les essais de religion naturelle concluent qu’il faut vivre en honnête homme et adorer le créateur dans ses œuvres. Aristote et Voltaire en donnent une idée.

Mais on peut difficilement s’en tenir avant examen à la religion naturelle, car il se trouve qu’il existe des « religions révélées », qu’on appelle ainsi parce qu’elles prétendent détenir des révélations directement issues de Dieu.

Si donc nous voulions nous pencher sérieusement sur la question religieuse dans toute son amplitude, c’est-à-dire la question des justes relations qu’il faut entretenir avec le divin, nous ne pourrions pas ignorer ces textes. Pour une raison simple : si comme, nous le pensons, Dieu existe et a créé le monde, il n’est pas improbable qu’il ait cherché à se faire connaître. On ne peut en tout cas pas écarter cette éventualité comme complètement fantaisiste. Il serait donc méthodologiquement peu sérieux négliger de tels documents. Cette deuxième grande enquête est l’objet de la discipline qu’on nomme l’apologétique comparée, qui essaie de passer au crible les différents textes censés avoir été révélés par Dieu et de décider lesquels sont les plus dignes de foi. Certains se diront peut-être qu’on aurait mieux fait de commencer par là : on aurait gagné du temps ! Mais nous ne sommes pas d’accord. Les questions doivent être prises dans l’ordre. Si quelqu’un vous apporte un livre en vous assurant que c’est la parole de Dieu, la moindre des choses est de s’assurer au préalable qu’il est au moins plausible qu’un Dieu se soit adressé aux hommes. Autrement dit qu’un Dieu existe. Si vous n’aviez aucune raison de penser qu’un Dieu existe, voire des raisons solides de penser qu’aucun Dieu n’existe, comme le prétend le matérialisme scientiste, il ne serait sans doute pas très raisonnable de prendre au sérieux les prétentions divines d’un livre, aussi vénérable soit-il. Vous pourriez bien sûr y trouver des enseignements intéressants et beaucoup de sagesse, mais cela ne supposerait pas d’y accorder une signification proprement religieuse. Imaginez que quelqu’un vienne vous trouver de la part d’une certaine « nièce d’Amérique » et vous demande de l’argent pour l’aider à poursuivre ses études. Si vous avez la certitude absolue de n’avoir ni frère ni sœur, ou du moins toujours pensé être enfant unique, vous aurez sans doute raison de croire à une escroquerie. On pourrait en tout cas difficilement vous le reprocher. Si en revanche vous avez récemment découvert que vous aviez une sœur inconnue, aujourd’hui décédée après son divorce et qui a « laissé des enfants dans la nature », votre attitude devrait être différente. Non seulement vous auriez raison de vous demander s’il faut faire quelque chose, et quoi, pour ses éventuels enfants. Mais si, de surcroît, un inconnu venait vous trouver de la part d’une certaine « nièce d’Amérique », vous devriez au moins étudier son témoignage et ses demandes. Il serait déraisonnable de le renvoyer d’emblée en vous disant que vous arriverez bien à déduire tout seul, à force de réflexion, ce dont pourrait avoir besoin cette nièce. Car il se pourrait que vous mouriez avant d’avoir seulement découvert son adresse.

CHERCHER À DÉMONTRER L’EXISTENCE DE DIEU EST-IL CONTRAIRE À LA FOI ?

Il existe bien sûr des gens qui se coupent littéralement en deux – intellectuellement – en adoptant une doctrine de la double vérité : ils sont scientistes pendant la semaine et religieux le week­-end (disons vendredi, samedi ou dimanche). Mais ce régime de pensée n’est pas tenable. Il est en tout cas contraire à la logique : il ne peut pas y avoir deux vérités. Si Dieu existe, Dieu a créé la raison ; par conséquent une proposition du genre « je sais que c’est irrationnel, mais je crois que Dieu existe » n’est pas logique ; Dieu n’a pas pu vouloir révéler une vérité par l’Écriture ou par le cœur et une autre, contradictoire avec elle, par la raison. Assurément, cette double pensée peut être la meilleure solution temporaire, par exemple lorsque les contraintes de la vie quotidienne empêchent de se livrer à la réflexion, mais on ne peut pas tenir cette situation pour absolument satisfaisante.

Une objection toutefois pourrait nous être opposée sur ce point : il n’est pas rare en effet d’entendre dire que Dieu doit être objet de foi et non de savoir, et que prétendre démontrer que Dieu existe est non seulement inutile, mais complètement déplacé, nuisible et contraire à la liberté. Certains ne sont pas loin de penser qu’il s’agit d’une sorte de blasphème. Car, disent-ils: « Si Dieu est démontré, où est la liberté de croire ? » Ils ajoutent parfois : « Dieu veut une foi libre, pas une foi de marionnettes. » La seule manière de se rapporter à Dieu, la seule manière correcte, conforme à ce que doit être une relation personnelle, serait donc la « foi », toujours travaillée par le doute, dans la crainte et le tremblement.

Que cette façon de voir soit aujourd’hui encouragée par de nombreux responsables religieux lui donne une certaine autorité auprès des croyants. Nous pensons qu’elle est profondément erronée. Elle repose sur une confusion entre la croyance que Dieu existe, d’une part et la foi en Dieu proprement dite, d’autre part.

LA CROYANCE EN DIEU EST UN JUGEMENT SUR LA VÉRITÉ D’UNE PROPOSITION

La première est un jugement de l’intelligence portant sur la vérité d’une proposition factuelle – Dieu existe – au même titre si l’on veut que votre croyance dans le fait que 12 2 = 144 ou qu’il fera beau demain. Comme toute croyance, elle doit faire l’objet d’un examen rationnel le plus poussé possible. Il est toujours meilleur de croire que 12 2 = 144 parce qu’on a fait le calcul soi-même que de le croire seulement parce qu’on nous l’a dit. Par conséquent, si l’on peut transformer une croyance que l’on entretient par simple ouï-dire en une véritable certitude objective, il n’y a aucune raison – en particulier aucune raison religieuse – de s’en priver. C’est même un devoir. Cette croyance est un préalable à tout examen de la question religieuse proprement dite. Être absolument certain qu’un être suprême existe, intelligent, infini, éternel n’a rien de blasphématoire ni de contraire à la pureté de la foi. Car, pour tout dire, cela ne relève pas de la foi.

LA FOI EN DIEU EST UN ACTE DE CONFIANCE DANS UNE PERSONNE

La foi proprement dite, si elle existe, ne porte pas sur l’existence de Dieu. La foi porte sur la parole de Dieu. Elle n’est pas un jugement intellectuel sur un fait, elle est la confiance que l’on met dans les promesses d’une personne. Cette confiance présuppose évidemment que l’on pens que la personne en question existe ! Et d’ailleurs toutes les religions monothéistes, à l’époque du moins où elles révéraient la raison humaine, ont toujours estimé que l’existence de Dieu était un objet de connaissance certaine. Il serait pour le moins curieux d’avoir confiance en quelqu’un dont on ne sait même pas s’il existe. Ce qui exige de nous que nous ne soyons pas contraints, que nous soyons parfaitement libres, c’est l’acte de confiance en Dieu. Pas la reconnaissance de son existence.

C’est ici que l’exigence de « garantie sur facture » est blasphématoire, car elle est directement contraire à l’essence même de la confiance.

En revanche, il est pour le moins curieux d’affirmer que l’existence même de la personne en qui l’on décide de placer sa confiance doive, elle aussi, faire l’objet d’une sorte de « pari » fou. Cela reviendrait à dire qu’il faut encourager, comme plus méritoire, une croyance aveugle et sans certitude. C’est mettre les gens dans une situation psychologique terriblement difficile que de leur demander de mettre leur confiance dans une personne dont on les encourage par ailleurs à penser que l’existence n’a rien de certain.

Personne ne peut demeurer dans une telle situation, puisqu’il est impossible d’éprouver une véritable confiance s’il n’est même pas sûr que cette confiance s’adresse à quelqu’un. On peut certes bricoler une solution pour s’en sortir. Elle consiste à remplacer la confiance par la pure décision de faire comme si tout cela était vrai sans y croire vraiment, parce qu’on estime que, tout bien pesé, c’est la meilleure façon de régler sa vie. Cette attitude est pleine de noblesse. Mais on conviendra que c’est autre chose que la foi au sens strict.

À ce stade, certains nous feront une objection encore plus massive. N’y a-t-il pas une certitude purement affective qui nous assure de l’existence de Dieu, infiniment mieux que toutes les arguties de la raison? L’existence de Dieu n’est-elle pas attestée de manière immédiate, certaine, indubitable par le sentiment du cœur ? Ce serait l’objection de Pascal : « C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison »  . Nous répondrons qu’il faut distinguer. Si cette phrase veut dire qu’il est impossible d’avoir le sentiment affectif de la présence de Dieu par la raison, elle est évidemment vraie, car la raison n’est pas une faculté affective. Si elle veut dire que le Dieu de la Révélation biblique n’est pas déductible a priori par la raison, elle est encore vraie. Si elle veut dire que Dieu peut s’adresser directement au cœur de chacun, et nous faire sentir la vérité des versets de l’Écriture lorsqu’on les lit, par une sorte de chaleur et d’enthousiasme, elle est peut-être vraie, nous ne nous prononcerons pas là-dessus. Enfin, si elle veut dire que l’existence du Dieu de la métaphysique ne nous est pas accessible à l’issue d’un raisonnement, mais par une évidence primordiale, tout comme les premiers principes de la logique et les premières vérités de la géométrie, nous dirons qu’elle est doit être discutée à la lumière de l’expérience. Il est vrai que certaines personnes ont la certitude immédiate qu’il existe un Dieu. C’est aussi clair pour eux, à les en croire, que l’existence du monde ou des trois dimensions de l’espace. Mais d’autres, moins chanceux, n’ont pas ce genre d’intuition. Ils soupçonnent souvent les premiers de croire à la légère. En quoi ils n’ont pas forcément raison, ni toujours tort. Les premiers soupçonnent parfois les seconds de n’avoir pas reçu la grâce, d’être rendus sourds à la voix de Dieu par le brouhaha de leur existence et les ravages du péché.

Il paraît toutefois difficile d’admettre que l’athéisme soit aussi insensé que le refus de croire en l’existence du monde. Et s’il existe une connaissance implicite de Dieu en chacun de nous, elle est enfouie sous tant de sédimentations que le patient travail de la raison est indispensable à sa mise en lumière. C’est à cette exploration que nous avons voulu inviter le lecteur. Qu’on se rassure : elle est l’affaire d’une vie .

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Voilà ! Vous êtes au terme de cette lecture que je vous ai proposée. L’ancien Elève de l’Ecole Normale Supérieure et Agrégé de Philosophie qu’est Frédéric Guillaud a écrit cette somme de quelques 400 pages dont vous avez pu découvrir l’introduction et la conclusion dans le but bien précis de présenter les arguments philosophiques en faveur de l’existence de Dieu. Dans une récente interview de mars dernier, il précise qu’il s’agit d’une réhabilitation de la métaphysique n’ayant rien de confessionnel et pouvant convenir à n’importe quel monothéiste. Le livre a d’ailleurs été traduit en arabe pour un éditeur saoudien !

J’attends vos commentaires avec impatience !

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Un commentaire

  1.  » Vous dites que je crois en Dieu, non pas du tout, mathématiquement parlant, je sais qu’il « est ». C’est totalement différent. Point de démonstration nécessaire à son existence, il « est » c’est tout. En mathématique nous avons un symbole pour le représenter qui est un 8 horizontal. Comme disait Blaise Pascal, « Dieu, l’univers et les hommes ne font qu’un, car il ne peut y avoir qu’un seul et unique infiniment grand » ! Cela n’a pas changé avec le temps et les découvertes de la physique. Il faut l’admettre sans trop se poser de question, car, comme disait Arthur Schopenhauer : « en matière de métaphysique, la seule chose qui vous reste à l’esprit, c’est le mal de tête ! »

    Ceci est un extrait de l’interview du DR Thierry Paul Millemann par Marc Alpozzo.

    le Dr Thierry Paul Millemann, nous montre, dans son livre « Ondes et Énergies cérébrales dans la physique quantique : l’immortalité dans un monde parallèle mais bien réel  »
    que nous sommes immortels, et qu’il est temps pour l’humanité de le savoir.

    Pour en savoir plus, voici un lien vers l’article de Marc Alpozzo paru dans la revue Entreprendre :

    https://www.entreprendre.fr/limmortalite-demontree-par-la-physique-quantique/

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